Les femmes qui lisent sont dangereuses by Laure Adler & Stefan Bollmann

Les femmes qui lisent sont dangereuses by Laure Adler & Stefan Bollmann

Auteur:Laure Adler & Stefan Bollmann [Adler, Laure & Bollmann, Stephan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Documents - Essais
Publié: 2012-10-05T12:48:37+00:00


Jacob Ochtervelt

Jacob Ochtervelt (1634/35-1708/10)

La Requête amoureuse, 1670 Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle

La lettre, comme forme de la conversation écrite, était très en vogue dans les Pays-Bas du XVIIe siècle. À cette époque, aucun autre pays d’Europe ne comptait autant de citoyens qui savaient lire et écrire, et les échanges épistolaires y acquirent une importance sans cesse croissante, tant sur le plan économique et politique que dans les relations personnelles et intimes. On vit fleurir sur le marché du livre toutes sortes de manuels de la correspondance et de l’art de la calligraphie. Ce qui était déterminant pour la réussite d’un échange de lettres, ce n’était pas seulement de savoir choisir les bonnes formes d’expression, ajustées aux circonstances et à la personne à qui l’on s’adressait, mais aussi de savoir écrire de façon à la fois lisible et esthétiquement plaisante. La peinture ne tarda pas à s’emparer de ce motif et toute une population écrivant ou lisant des lettres apparut bientôt sur les toiles – on peut constater que les hommes sont le plus fréquemment représentés en train d’écrire, tandis que les femmes sont plus nombreuses à être montrées en train de lire une lettre. Parmi les tableaux les plus célèbres traitant de ce sujet, on peut nommer ceux de Jan Vermeer, Gérard ter Borch et Pieter De Hooch. Tout en appartenant à cette constellation, le tableau présenté ici en franchit également les limites. C’est en effet l’une des rares peintures de cette époque qui met en jeu une concurrence entre plusieurs médiums – en l’occurrence le livre, la lettre et la conversation.

De toute évidence, l’homme peint par Ochtervelt est en train de réitérer verbalement la requête amoureuse qu’il a déjà confiée à la lettre qu’on aperçoit sur la table. Le fait que le sceau rouge en est rompu suggère que la femme a pris connaissance de son message. Sans en être apparemment touchée, elle poursuit cependant sa lecture, qui semble pour l’instant lui importer davantage que tout échange épistolaire, verbal ou autre (on ne saurait omettre la présence du lit à l’arrière-plan du tableau), et ce, alors même que la jeune femme est fort loin de produire une impression d’excessive pruderie. Quelle que soit l’issue de l’affaire, le tableau nous montre une chose : la femme jouit de l’intérêt et de l’attention qu’on lui accorde, sans avouer cependant le plaisir qu’elle y prend et en s’abîmant dans sa lecture – en tout cas, c’est ce qu’elle fait mine de faire.



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